Àlire aussi Transports scolaires: «Économiquement on ne peut pas continuer comme ça». Pour ce faire, le PrĂ©sident entend user de leviers qui sont les siens – revalorisation LaDirection Technique a pour rĂŽle de concevoir, de mettre en oeuvre et de faire Ă©voluer le rĂ©seau en rĂ©pondant aux exigences de service Ă  travers la mise en place de solutions techniques, innovantes et Ă©volutives. Au sein de la Direction Technique et plus particuliĂšrement au sein du dĂ©partement de validation, vous ĂȘtes en charge de la validation des Ă©quipements de Coeur de Àlire aussi Transports scolaires: «Économiquement on ne peut pas continuer comme ça». Pour ce faire, le PrĂ©sident entend user de leviers qui sont les siens – revalorisation et indexation VoilĂ  (ce) qui s'appelle parler, voilĂ  qui est parler, ça c'est parler. [En parlant de qqn qui parle avec autoritĂ©, avec assurance; marque l'approbation de ce qui vient d'ĂȘtre dit] Quant Ă  nous, remarquez qu'il s'agit simplement d'un caprice Ă  satisfaire; et qu'il serait ridicule, pour un caprice, de risquer notre vie. −Ah ! per bacco! s'Ă©cria maĂźtre Pastrini, Ă  la bonne heure AccueilSports Football Football: d’Hatem Ben Arfa Ă  Éric CarriĂšre, Jonathan Lacourt ouvre sa boĂźte Ă  souvenirs. Ancien milieu de terrain du RC Lens ou de Valenciennes, Jonathan Lacourt (35 QuandMichelet ou Hugo ou PĂ©guy parlaient du peuple, ils parlaient Ă©videmment des paysans, Ă©tant entendu que les ouvriers Ă©taient des paysans fraĂźchement urbanisĂ©s. Le peuple, c'Ă©tait donc la paysannerie telle qu'elle s'Ă©tait constituĂ©e depuis 10 000 ans avec son expĂ©rience de la terre, ses us et coutumes, sa religion. Cette classe sociale n'existe plus en Europe. L'exode rural, la XjxnsMq. L’ENQUETE ET LA BANDE-SON COMMENTEE En guise de prologue un OVNI Ă  Cannes Jean-Luc Godard a reçu le prix du Jury Ă  Cannes, ex aequo avec le jeune Canadien Xavier Dolan pour Mommy le couronnement de deux gĂ©nĂ©rations, celui d’une lĂ©gende du cinĂ©ma et d’un jeune talent. MĂȘme si le prix du Jury n’est pas la plus haute marche du podium Ă©quivalent d’une mĂ©daille de bronze dans la hiĂ©rarchie olympique, c’est bien un passage symbolique de relais qui a Ă©tĂ© honorĂ©. Et Cannes qui avait jusque-lĂ  boudĂ© son fils rebelle, s’honore de mettre fin Ă  ce dĂ©samour et d’accueillir en son sein, le fils prodigue. MĂȘme si tardivement et mĂȘme si les rĂ©serves ont fusĂ© entendu sur une radio, avec un fort accent amĂ©ricain, cette rĂ©flexion Godard est un gĂ©nie ! Il a fait des bons films et des moins bons films. C’est un moins bon film... », un commentaire qui me convient. Reste que Jean-Luc Godard appartient Ă  la grande famille du cinĂ©ma et qu’il a marquĂ© son art, de façon indĂ©lĂ©bile. Le laisser repartir, une nouvelle fois, sans distinction, aurait Ă©tĂ© une grande erreur pour l’Institution du Festival qui se devait d’accrocher Jean-Luc Godard Ă  son palmarĂšs. Dans le champ littĂ©raire, Gaston Gallimard avait aussi tardĂ© Ă  reconnaĂźtre le talent d’un Proust ou d’un CĂ©line... Avant mĂȘme cette distinction, nous avions dĂ©cidĂ© de mener l’enquĂȘte, Ă  la maniĂšre d’une enquĂȘte policiĂšre, de recueillir et analyser les indices et piĂšces Ă  conviction diverses laissĂ©s intentionnellement ou non par les divers protagonistes de l’affaire. La plupart des commentaires soulignent, en effet, le caractĂšre insolite du film. Pointe parfois le Ă  un objet qui Ă©chappe largement Ă  la comprĂ©hension rationnelle, demeure le mystĂšre. C’est cette part de mystĂšre que nous avons eu envie d’explorer en marge des articles de la presse Jean-Luc Godard perturbe Ă  nouveau la Croisette avec "Adieu au langage" » "Adieu au langage" Cannes tente de dĂ©crypter le dernier Godard... » cannes2014- Adieu au langage, apprendre Ă  parler Godard » "Adieu au Langage", l’ovni philosophique de Jean-Luc Godard » Cannes 2014 "Adieu au langage", la surprise de Godard en 3D » Adieu au langage Jean-Luc Godard nous laisse sans voix » “Adieu au langage” la poĂ©tique technologique de Godard fonctionne encore » "Adieu au langage" de Jean-Luc Godard aussi gĂ©nial qu’épuisant... » “Adieu au langage” de Godard mĂȘme “chaotique”, il charme la presse Ă©trangĂšre » Cannes 2014N°44 - Adieu au langage de Godard, un "film punk impressionniste". » - Attention, c’est un jugement positif, Ă©mis par l’un des acteurs du film, Christian Gregori. L’affaire a dĂ©butĂ© ainsi pour le public, comme un fait divers sur la Croisette Insolite, Ă©trange comme un d’ailleurs ? D’oĂč ? Du laboratoire du maĂźtre en Suisse, Ă  Rolle sur les bords du Lac LĂ©man. Des acteurs inconnus pour le moment en guise de petits hommes verts. Ils nous ressemblent une femme mariĂ©e, prĂ©cise Godard dans ses explications sur le synopsis, un homme libre, prĂ©cise Ă©galement Godard, se rencontrent, se dĂ©chirent. Il y a du sang et des larmes - au moins mĂ©taphoriques pour les larmes les mĂ©taphores abondent comme dans un univers parallĂšle au rĂ©el. Au milieu, un chien, qui assure le lien entre les humains quand les liens se dĂ©font ou sont rompus - il a son nom au gĂ©nĂ©rique Roxy MiĂ©ville ! Le patronyme d’Anne-Marie, la compagne de Godard. Et Roxy est le propre chien de Godard. Dans les scĂšnes d’intĂ©rieur, la femme est nue comme aux premiers jours du monde - comme les animaux qui ne connaissent pas la nuditĂ©. Nombreuses maximes en voix off. Un montage syncopĂ©, fait de plans animĂ©s ou fixes qui s’enchaĂźnent sans lien apparent, ponctuĂ© de sons parfois stridents, saturĂ©s, interrompus brutalement. Comme une plongĂ©e mĂ©taphorique dans l’univers chaotique des temps premiers aussi bien que les temps historiques Flashes sur Hitler, la guerre ! Les images se succĂšdent et s’enchevĂȘtrent, en dĂ©sordre apparent, comme celles de la pensĂ©e, affranchie du temps, comme peut-ĂȘtre les pensĂ©es du rĂ©alisateur, se promenant sur les bords du Lac LĂ©man en compagnie de son chien Roxy. Les saisons se succĂšdent au bord du Lac. La vie, la mort aussi En final un chien aboie comme un hurlement Ă  la mort... celle de son maĂźtre ? Tandis que l’on entend le cri d’un nouveau nĂ©. La naissance du langage selon Jean-Luc Godard la rencontre de l’image et du son - le langage du cinĂ©ma - le vrai langage selon JLG et sa mĂ©taphore de l’enfant qui naĂźt Ă  la vie, Ă©bloui par la lumiĂšre et qui crie son Ă©moi. La projection du film Paris, cinĂ©ma Le PanthĂ©on, une petite salle de cinĂ©ma d’art et d’essai, le samedi 24 mai, sĂ©ance de 14 heures. Le palmarĂšs de Cannes n’était pas encore connu. Il serait rendu public le soir, mais cette petite salle avait rĂ©ussi Ă  projeter le film pour les cinĂ©philes fidĂšles ou curieux de Godard. J’étais venu, une demi-heure Ă  l’avance craignant une queue ! Juste un couple devant moi. La petite salle de moins de 150 places Ă©tait encore quasi vide. Elle se remplira dans la demi-heure qui suivit, mais il restera encore quelques places vacantes quand l’écran s’illuminera et s’animera. L’assistance n’est pas de la premiĂšre jeunesse. C’est vrai que le maĂźtre, Jean Luc Godard a dĂ©sormais l’ñge vĂ©nĂ©rable de 83 ans, et certains doivent le suivre depuis longtemps...Chacun a chaussĂ© les lunettes 3D qui lui ont Ă©tĂ© remises Ă  l’entrĂ©e. L’expĂ©rience va pouvoir commencer. Quelques toussotements de ci, de lĂ , vite couverts par la musique du film qui happe violemment les spectateurs dans une tornade sonore, tandis que les premiĂšres images au relief saisissant dĂ©filent. Sans crier gare, nous sommes entrĂ©s dans un autres univers, un univers parallĂšle Ă  celui du commun des mortels, nous sommes plongĂ©s dans l’univers de Godard...Quand les lumiĂšres se rallument dans la salle, aprĂšs une 1H10, le format moyen » choisi par JLG pour ce film, les spectateurs ne poussent pas un cri. Pas d’applaudissements non ? Adieu au langage » laisse sans voix. Si c’était l’objectif de Godard, c’est rĂ©ussi !Il va falloir laisser dĂ©canter un peu avant de retrouver la voix et le langage... Au sortir du cinĂ©ma, la librairie attenante prĂ©sente un choix de livres sur Godard. J’achĂšterai le livre de ZoĂ© Bruneau, actrice, hĂ©roĂŻne du film, En attendant Godard », son journal du tournage. La scĂšne du "crime" Nous sommes en famille », Ă  Rolle, en Suisse, l’atelier, laboratoire, lieu de tournage, c’est aussi la maison de Jean-Luc Godard. C’est ce que nous apprend Olivier SÉGURET de LibĂ©ration qui a rendu visitĂ© Ă  JLG lors du tournage - un intĂ©ressant tĂ©moignage. Dans le puzzle kalĂ©idoscope, dĂ©construit..., on pourrait aussi prendre la mĂ©taphore du jeu de piste, ces tĂ©moignages sont autant de fiches d’information utiles. Dans cette petite maison qui est un domicile, un plateau, un studio et une remise technique, on trouve essentiellement, outre le nĂ©cessaire domestique [...] rien de spectaculaire, Ă  part la taille de certains Ă©crans plasma, mais une quantitĂ© incroyable de petites choses high-tech qui constellent Ă©tagĂšres et placards camĂ©ras flip-flop et camĂ©ras go-pro, smartphones vidĂ©o, petits et grands appareils photos-vidĂ©o, ordinateurs ? Et tous en plusieurs exemplaires, alignĂ©s, numĂ©rotĂ©s. ». Olivier SĂ©guretLibĂ©ration * À Rolle [oĂč Jean-Luc Godard vit depuis trois dĂ©cennies], charmante bourgade sur les bords du Lac LĂ©man, il a fait le vide autour de lui. Il ne vit plus sous le mĂȘme toit que sa compagne, Anne-Marie MiĂ©ville. Il n’a pas d’enfants, dĂ©jeune du plat du jour au bistrot du coin et refuse systĂ©matiquement les invitations, nombreuses, adressĂ©es par les cinĂ©mathĂšques du monde entier. Lorsqu’on lui a remis un Oscar d’honneur en 2010, il n’a mĂȘme pas fait le dĂ©placement Ă  Los Angeles. Jean-Paul Battaggia m’accueille. Il me fait entrer dans le salon-cuisine, puis m’indique l’escalier, au fond. Je gravis lentement les marches qui me mĂšnent Ă  Dieu. La petite piĂšce, un bureau, est jonchĂ©e de livres et enfumĂ©e par son cigare. Le voici enfin, en chair et en os. Le visage a vieilli, les cheveux sont en bataille. L’homme, qui fut le pygmalion d’Anna Karina et l’amant de Marina Vlady, ressemble Ă  un grand-pĂšre un peu nĂ©gligĂ©, avec un pull-over bleu et des doigts jaunis par le tabac. DerriĂšre les grosses lunettes, le regard pĂ©tille. Je me prĂ©sente, il me salue On va y aller. » Florence Colombani *, Vanity Fair* La journaliste a Ă©tĂ© sĂ©lectionnĂ©e par JLG pour tourner une des sĂ©quences finales du film, oĂč l’on voit ses mains dessiner une croix de Lorraine. On y entend aussi la voix de Jean-Luc Godard la guidant dans cet exercice. L’USINE A GAZ Devant L’USINE A GAZ Godard, Christian Gregori, de dos, M. Davidson, Marie Ruchat la jeune fille rousse L’autre lieu de tournage se situe Ă  Nyon, en bordure du lac LĂ©man, un banc sous un arbre pour tout dĂ©cor. En arriĂšre plan, dans le film, Ă  plusieurs reprises, sur un muret bas, qui dĂ©limite un enclos attenant Ă  une construction, on voit peint en trĂšs grands caractĂšres rouges USINE A GAZ ». Ce que j’avais pris pour un slogan godardien n’en est pas un, je l’apprendrai dans le livre de ZoĂ© Bruneau [1] - c’est le nom, bien rĂ©el, d’un lieu culturel, une salle de spectacles et concerts prĂȘtĂ©e par la ville de Nyon pour accueillir l’équipe. La Nature est aussi omniprĂ©sente la forĂȘt et l’eau, - celle du lac et des torrents - font partie du scĂ©nario. Les protagonistes Les personnages principaux Un premier couple Josette/GĂ©dĂ©onUn deuxiĂšme coupleCouple miroir, le double du premier, mais, de fait, le couple principal Ă  l’écran Ivitch la jeune femme au chapeau, la jeune femme nue qui descend l’escalier et crĂšve l’écran/Marcus.Les scĂšnes concernant les deux couples alternent ou s’enchevĂȘtrent, voire se superposent dans un montage tout godardien. Un philosophe DavidsonMary Shelleyl’auteure de Frankenstein... Mary Les comĂ©diens. Kamel Abdelli GĂ©dĂ©on / HĂ©loĂŻse Godet Josette, ZoĂ© Bruneau Ivitch / Richard Chevallier Marcus, Jessica Erickson Mary Shelley / Christian Gregori le philosophe Davidson ZOOM... Cliquez l’image. Premier couple l’actrice HĂ©loĂŻse Godet Josette et l’acteur Kamel Abdelli GĂ©dĂ©on, ...ce qui n’est pas trĂšs important Ă  savoir. ...Ne me souviens mĂȘme pas avoir entendu son nom prononcĂ© dans le film.DeuxiĂšme couple ZoĂ© Bruneau Ivitch - dans la vie, la fille de la comĂ©dienne Claire Nadeau, et la petite fille du fondateur de la Quinzaine littĂ©raire Maurice Nadeau dĂ©cĂ©dĂ© en 2013 pendant le tournage du film. Son amant Richard Chevallier Marcus. On entend plusieurs fois, le nom de Marcus citĂ© par Ivitch, elle-mĂȘme appelĂ©e ainsi par les deux couples, intentionnellement, se ressemblent du moins, Ă  l’écran, mais le couple Ivitch/Marcus est plus grand. Josette a une cicatrice distinctive au dessus de la lĂšvre, et signe distinctif d’Ivitch elle porte un chapeau dans les scĂšnes d’extĂ©rieur. L’actrice amĂ©ricaine Jessica Erickson joue le rĂŽle de Mary Shelley, Christian Gregori celui du philosophe. Et c’est Daniel Ludwig qui joue le rĂŽle du mari trompĂ©, dans la brĂšve scĂšne violente oĂč il apparaĂźt, bondissant de sa voiture, un pistolet Ă  la main. Dans les seconds rĂŽles, au gĂ©nĂ©rique Ă©galement Marie Ruchat Marie, la jeune fille rousse, JĂ©rĂ©my Zampatti le jeune homme, Dimitri Basil Percy Shelley. * Dans le journal de ZoĂ© Bruneau En attendant Godard » Dans l’équipe, outre les comĂ©diens nous avons Fabrice[ Aragno] qui s’occupe de toute la technique. Je comprendrai plus tard qu’il est l’ombre de Godard. Il est de toutes les recherches, de tous les essais. ]Je ne sais pas si le film serait le mĂȘme sans lui. Puis Jean-Paul [Battaggia], assistant personnel, rĂ©gisseur, administrateur, secrĂ©taire. Jean-Paul fait tout. Si on veut parler Ă  Jean-Luc, on doit passer par Jean-Paul. Et Jean-Paul sait trĂšs bien entretenir la crainte autour de Godard. Ce premier jour, en les observant tous les deux, je devine un peu mieux leurs rapports. Jean-Paul admire et respecte Ă©normĂ©ment Godard. Il tient Ă  le prĂ©server de tous les tracas du quotidien, de toute intrusion extĂ©rieure. L’équipe est sacrĂ©ment rĂ©duite. Je savais qu’il n’y aurait pas beaucoup de monde mais cĂŽtĂ© technique, ils ne sont que deux. C’est tout. Et ils ne seront jamais plus nombreux En plus de Richard [Chevallier], mon binĂŽme, il y a Marie Ruchat, jeune femme rousse et jolie comme un cƓur et Daniel Ludwig, supposer jouer mon mari violent que je vais quitter. Christian Gregori interprĂšte un prof de philo. Il doit dire son texte assis sur un banc sans bouger. Il est trempĂ©, lĂšvres bleues, il grelotte. Godard se dĂ©fait de sa veste pour lui en couvrir les Ă©paules. Il n’est pas si vicieux que ce que l’on m’a sait ce qu’il veut depuis le temps...Il ne prend pas de gants et place ses acteurs d’une main virile. Parfois presque la journĂ©e nous referons le mĂȘme plan, du mĂȘme point de vue mais avec des camĂ©ras diffĂ©rentes. Mes chaussures Ă  brides, empruntĂ©es Ă  ma mĂšre, sont gorgĂ©es d’eau. En plus d’ĂȘtre un rien trop petites... je suis glacĂ©e et je tremble. Godard, on dirait un clochard suçotant un cigare, en vieille parka marron rafistolĂ©e. Bonnet noir en polaire - Ayez le feu intĂ©rieur me marmonne t-il. Entre deux prises, je me rĂ©chauffe dans sa voiture. Tout est de bric et de broc et ca me fait rire. Je me concentre comme je peux en essayant de faire abstraction des glaçons qui me servent de pieds. Je me dis et redis mes quelques mots de texte. Et me plans plus tard, prĂ©cĂ©dant ses mots d’un clin d’Ɠil - Vous l’avez le feu intĂ©rieur ! A un moment, lors d’un changement de camĂ©ra, alors que je me dirige vers la voiture et lui vers le plateau, nous nous croisons. Pris d’un Ă©lan commun, nous nous donnons une accolade et nous embrassons. Jean-Luc Godard et ZoĂ© Bruneau pendant le tournage © Camille de Chesnay, 2014, en illustration de la premiĂšre page de En Attendant Godard » RTS - Radio TĂ©lĂ©vision Suisse Le chien Rocky Autre protagoniste et pas des moindres, le chien Rocky, C’est lui seul qui est sur l’affiche du film C’est dire le rĂŽle que lui assigne Godard dans le filmVĂ©ritable fil rouge du film, il dĂ©ambule de plan en plan, assurant le lien entre les images et entre les humains. Note. Dans le roman de Clifford D. Simak, un recueil de nouvelles de science-fiction Ă©crit en 1944 Voici les rĂ©cits que racontent les Chiens quand le feu brĂ»le clair dans l’ñtre et que le vent souffle du nord. La famille alors fait cercle autour du feu, les jeunes chiots Ă©coutent sans mot dire et, quand l’histoire est finie, posent maintes questions Qu’est-ce que c’est que l’Homme ? » demandent-ils. Ou bien Qu’est-ce que c’est qu’une citĂ© ? » Ou encore Qu’est-ce que c’est que la guerre ? » Les chiens, alors, se racontent les histoires d’ĂȘtres mythiques, aujourd’hui disparus, qui dans un passĂ© lointain auraient dominĂ© le monde. » * Ce n’est pas l’animal qui est aveugle, dit Godard, mais l’homme, aveuglĂ© par la conscience et incapable de voir le monde. » Citant Darwin et Buffon, il ajoute Le chien est le seul ĂȘtre sur Terre qui vous aime plus qu’il ne s’aime lui-mĂȘme. » Que vous apporte Roxy ? Question posĂ©e Ă  JLG par Philippe Dagen, dans une interview publiĂ©e dans Le Monde du 12 juin 2014. Un lien, entre deux personnes. Le lien dont parlait ce vieux philosophe qui Ă©tait le prof de ma mĂšre, LĂ©on Brunschvicg. C’était une des sommitĂ©s de la philosophie française Ă  l’époque. J’ai lu un petit livre de lui qui s’appelait Descartes et Pascal lecteurs de Montaigne. Descartes, je sais, Pascal, je crois, et Montaigne, je doute. Il disait l’un est dans l’autre et l’autre est dans l’un. citation reprise dans le film. Je trouve intĂ©ressante, trĂšs vivante, cette sensation de trois personnes. J’aime au cinĂ©ma, non pas l’image contre le texte, mais ce quelque chose d’avant le texte, qui est la parole. Le langage, c’est - pour employer le verbe " ĂȘtre " - parole et image. Non pas la parole, la voix ou la parole de Dieu, quelque chose d’autre qui ne peut pas vivre sans l’image. Dans l’image au cinĂ©ma, il y a autre chose, une espĂšce de reproduction de la rĂ©alitĂ©, une premiĂšre Ă©motion. La camĂ©ra est un instrument comme, chez les scientifiques, le microscope ou le tĂ©lescope. Vient ensuite l’analyse des donnĂ©es - on dit les donnĂ©es, mais elles sont donnĂ©es par qui ? Rires. Nature et culture Ce chien, frĂšre de ceux dĂ©jĂ  souvent invoquĂ©s notamment dans Je vous salue Marie et HĂ©las pour moi, puisque les ouvrages sont cent fois sur le mĂ©tier remis fait exister la possibilitĂ© d’une vie d’avant la sĂ©paration entre la nature et la culture, cette culture que Godard dĂ©signe ici de maniĂšre ajustĂ©e comme la mĂ©taphore ». Il tĂ©moigne silencieusement d’un en-deçà du langage. Si le face-Ă -face invente le langage », la dĂ©sintĂ©gration de cette relation d’humain se tenant devant un autre humain - notamment sous l’effet des technologies numĂ©riques - parachĂšve l’anĂ©antissement des puissances de la parole. En ce sens, Soljenitsyne sur un iPhone emblĂ©matise le dĂ©passement du langage, la chute de l’autre cĂŽtĂ©, tandis que le chien convoque un possible redĂ©part, autrement. » CrĂ©dit Nota "autrement", un mot du lexique de Godard. JLG aime aussi dire qu’il fait du cinĂ©ma, autrement. JLG par lui-mĂȘme Je suis du verbe ĂȘtre un chien, qui suit du verbe suivre Godard." » LA BANDE-SON COMMENTEE Partie I LE DEBUT non inclus dans l’extrait de la bande-son prĂ©sentĂ© ici Nous empruntons la description du dĂ©but du film Ă  l’excellente analyse de Jean-Luc Lacuve, CinĂ©club de Caen [2] 1- La nature ». Une petite brocante de livres conduite par deux Ă©tudiants, une jeune fille rousse et un jeune homme. Davidson est assis sur une chaise du parc avec, Ă  l’arriĂšre-plan, un mur sur lequel est Ă©crit en rouge et blanc "USINE A GAZ". Davidson lit L’archipel du goulag et demande Ă  Josette le sous-titre du livre de Soljenitsyne. Il ne veut pas qu’elle le cherche sur internet puisque c’est marquĂ© sur son livre "Essai d’investigation littĂ©raire". Il l’interroge sur ce que fait son pouce sur son smartphone, sur ce qu’il faisait avant. Avant, il poussait rĂ©pond Josette. C’est donc le petit poucet rĂ©plique Davidson, et les icones sont les cailloux. Mais alors, oĂč est l’ogre ? conclut-il. Davidson consulte son smartphone et regarde la page consacrĂ© Ă  Jacques Ellul qui a tout compris "Le nuclĂ©aire, les OGM, la publicitĂ©...". Arrive le mari, dans une grosse voiture avec des hommes de main. Des coups de feu sont Ă©changĂ©s. Le mari s’en prend Ă  Josette qui s’accroche Ă  sa chaise. LA SUITE qui correspond aux extraits de la bande son prĂ©sentĂ©s ci-aprĂšs 2- La mĂ©taphore ». Ivitch est derriĂšre une grille, une main d’homme s’approche de la sienne et, off, il lui propose d’ĂȘtre Ă  son service. Davidson feuillette un livre avec des reproductions de Nicolas de StaĂ«l pendant que, off, une voix parle de 1933 oĂč fut inventĂ©e la tĂ©lĂ©vision et oĂč Hitler accĂ©da au pouvoir. Espoir aujourd’hui insensĂ© ; victoire de ceux qui ont perdu mais ont imprĂ©gnĂ© le monde de leur idĂ©ologie. Ce fut le cas pour NapolĂ©on, vaincu Ă  Waterloo mais qui rĂ©pandit les idĂ©es de la rĂ©volution. Ce fut le cas pour Hitler ; il perdit mais imposa le besoin d’un chef. Devant l’usine Ă  gaz une voiture arrive avec des hommes armĂ©s. Des coups de feu sont Ă©changĂ©s. Les deux jeunes gens de la brocante de livres ont dĂ©cidĂ© de partir pour l’AmĂ©rique. Ivitch prĂ©fĂšre partir pour l’Afrique. Le ferry le Savoie navigue sur les eaux du lac LĂ©man. "Rank, dit la voix off a analysĂ© la proximitĂ© des rĂȘves de l’eau et de l’idĂ©e de naissance". CrĂ©dit Jean-Luc Lacuve, CinĂ©club de Caen [3] Notre transcription de la suite de la bande-son, avec les rĂ©fĂ©rences littĂ©raires en marge Extrait 01 42" [...]H. voix d’homme Je suis Ă  vos ordres [leitmotiv qui sera repris plusieurs fois dans les dialogues] [bruits stridents] Samuel BECKETT L’image La citation complĂšte de Beckett La langue se charge de boue un seul remĂšde alors la rentrer et la tourner dans la.... la boue je reste comme ça plus soif la langue rentre la bouche se referme elle doit faire une ligne droite Ă  prĂ©sent c’est fait j’ai fait l’image. » Nota Les vignettes des livres sont cliquables. Lien sur acheter le livre, ou simplement lire le descriptif. F. [voix de femme] Il faut que j’arrive Ă  tenir jusqu’à la fin[... ?] Et ce n’est pas commode. [...] H. J’ai soif F. La langue rentre dans...La bouche se referme[... ?]C’est fait, j’ai fait l’image. * Extrait 02 1’39’’ Alain BADIOU, Circonstances, tome 6 Le rĂ©veil de l’histoire Le dĂ©but du live Que se passe-t-il ? De quoi sommes-nous les tĂ©moins, mi-fascinĂ©s, mi-dĂ©vastĂ©s ? Continuation vaille que vaille d’un monde fatiguĂ© ? Crise bĂ©nĂ©fique du mĂȘme monde, en proie Ă  son victorieux Ă©largissement ? Fin de ce monde ? AvĂšnement d’un autre monde ? Que nous arrive-t-il donc, Ă  l’orĂ©e du siĂšcle, qui ne semble avoir aucun nom clair dans aucune langue tolĂ©rĂ©e » [Bruits ] H. Que se passe-t-il ?Continuation vaille que vailleD’un monde fatiguĂ© ?Fin de ce monde ?AvĂšnement d’un autre monde ?Que nous arrive-t-il donc, Ă  l’orĂ©e du siĂšcle,Qui ne semble n’avoir aucun nom clairDans aucune langue tolĂ©rĂ©e ? * H. Jeune Homme On vient vous dire au revoir. H. Davidson Alors vous allez aux AmĂ©riques ? F. Jeune fille aux cheveux roux Eh oui Mr Davidson H. Davidson Vous avez de la pacotille ? H. Davidson La philo... [SirĂšne de bateau] Jean Paul SARTRE L’ĂȘtre et le nĂ©ant C’est une dĂ©couverte importante de la pensĂ©e sartrienne, la conscience de l’altĂ©ritĂ© nĂ©cessaire de l’ĂȘtre La conscience est un ĂȘtre pour lequel, il est dans son ĂȘtre question de son ĂȘtre en tant que cet ĂȘtre implique un ĂȘtre autre que lui » La philo est un ĂȘtrepour lequel il est dans son ĂȘtrequestion de son ĂȘtreen tant que cet ĂȘtreimplique un autre ĂȘtre que Davidson Et vous Marie ?Et vous Marie,Vous pourriez aussi dire comme en Europe que le bonheur n’est pas une idĂ©e neuve ? SAINT JUST Le bonheur est une idĂ©e neuve en Europe ». Rapport Ă  la Convention, 3 mars 1794. Avant Saint Just, il y avait eu, bien sĂ»r, des apĂŽtres du bonheur, mais La RĂ©volution française et Saint Just lui donnent un sens politique. L’article 1 de la constitution de 1793 postule de façon explicite que le but de la sociĂ©tĂ© est le bonheur commun », idĂ©e qui sera dĂ©veloppĂ©e dĂšs l’annĂ©e suivante par Saint-Just avec sa cĂ©lĂšbre phrase dans son rapport Ă  la Convention. On ne peut comprendre le sens de cette citation sans rĂ©aliser que les LumiĂšres assignent Ă  l’État un rĂŽle en tout point comparable Ă  celui qu’occupait prĂ©cĂ©demment l’Église. Ainsi, au fil du temps se dĂ©veloppera le concept d’État-providence, le bonheur ici-bas » bien-ĂȘtre occupant la place jusqu’ici dĂ©tenue par le salut dans l’au-delĂ  ». Le bonheur est donc probablement la meilleure expression du matĂ©rialisme de l’époque. Saint Just n’aura guĂšre le temps de donner vie Ă  sa dĂ©claration, il sera guillotinĂ© le 10 thermidor 28 juillet de la mĂȘme annĂ©e. Aujourd’hui, aprĂšs une pĂ©riode de mĂ©pris par les philosophes au profit de la recherche mĂ©taphysique de la vĂ©ritĂ© ou de la rĂ©flexion sur la science, le bonheur reprend du service chez certains philosophes comme AndrĂ© Comte Sponville "Le bonheur, dĂ©sespĂ©rĂ©ment", ClĂ©ment Rosset"La force majeure", Robert Misrahi "TraitĂ© du bonheur", Michel Onfray "L’art de jouir"... [4] F. Ivitch Pour moi, c’est l’Afrique [basculement sur le personnage fĂ©minin d’Ivitch] H. Davidson Bonne chanceWir haben schon [...] das gesagt[Quelques phrases en allemand] H. J’appelle la police F. Il est malade... F. [autre voix Ă©loignĂ©e] Juste une C’est les vacances, on reprend en septembre. * Extrait 03 2’20" [ Tandis que Davidson feuillette un livre d’art sur Nicolas de StaĂȘl, assis sur son banc, avec Ivitch, Ă  ses cĂŽtĂ©s, on entend leurs voix off] F. Ivitch, voix off Alors, deux questions Alors, deux questions Est-ce que la SociĂ©tĂ© est prĂȘte d’admettreLe meurtre comme moyen de faire reculer... [le chĂŽmage] [ces derniers mots du scĂ©nario ont Ă©tĂ© coupĂ©s au montage. C’était pourtant l’incursion ironique et iconoclaste en associant le mot meurtre Ă  chĂŽmage de JLG dans l’actualitĂ© Ă©conomique de notre temps ! JLG a prĂ©fĂ©rĂ© rester elliptique, laissant au spectateur le soin de choisir ce qu’il serait prĂȘt Ă  faire reculer ...par le meurtre.] H. [Davidson, voix off] 2Ăšme question. F. [Ivitch, voix off] Quelle diffĂ©rence il y a ...entre une idĂ©e et une mĂ©taphore ? H. [Davidson, voix off] Une mĂ©taphore est... [la phrase est interrompue] Il faut demander aux AthĂ©niens quand ils prennent le tramway ! [JLG s’amuse. En grec mĂ©taphore » dĂ©signe le tramway] Philippe SOLLERS, Proust et l’expĂ©rience intĂ©rieure » La guerre du goĂ»t Dans un entretien avec Philippe Forest PH. S. - Il est tout Ă  fait clair que l’expĂ©rience intĂ©rieure de Proust, en ce qui concerne le temps, est principale. Commençons par le commencement l’expĂ©rience intĂ©rieure est dĂ©sormais interdite. D’une façon drastique, totalitaire par la sociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral et par le spectacle en particulier qui avale tout cela pour projeter sans arrĂȘt le sujet dehors et le couper de sa vie intĂ©rieure. C’est un programme qui est en cours de façon tout Ă  fait saisissante. Commençons par le commencement. L’expĂ©rience intĂ©rieure est dĂ©sormais interditepar la SociĂ©tĂ© en gĂ©nĂ©ral et par le Spectacle en particulier. Vous parliez de meurtre. [Le philosophe feuillette un livre d’art sur Nicolas de StaĂ«l, assis sur un banc, devant le lac LĂ©man, en compagnie de la jeune femme au chapeau.] Ce qu’ils appellent les imagesdevient le meurtre du prĂ©sent. F. [Ivitch] Le prĂ©sent est un drĂŽle d’animal. [bruitage] _ Ca m’est Ă©gal ! [superposition d’images de la scĂšne de la voiture, avec le mari armĂ© d’un pistolet. Mais dans la scĂšne, ce n’est plus Josette comme dans la scĂšne initiale, mais Ivitch, la jeune femme au mari dit une phrase en allemand ] F. [Ivitch] Ca m’est Ă©gal ! [criĂ©, en rĂ©ponse] * H. [Davidson] Quand dit-on la vĂ©ritĂ© ?Platon dĂ©clare Que la beautĂ© est la splendeur de la vĂ©ritĂ©. Une mĂ©taphore de la vĂ©ritĂ©... [Klaxon de voiture] LES ENFANTS JOUENT AUX DES Ils jouent sans connaĂźtre les rĂšgles du jeu », prĂ©cise Olivier SÉGURET de LibĂ©ration, ce journaliste qui s’est rendu chez le maĂźtre » pendant le tournage et a pu dĂ©busquer quelques secrets de fabrication », pour parler trivialement. Bien sĂ»r, il faudrait plutĂŽt dire crĂ©ation ». D’autant plus que pour cette sĂ©quence, JLG avait peut ĂȘtre en rĂ©fĂ©rence, la cĂ©lĂšbre phrase d’Einstein constatant le bel ordonnancement des lois du cosmos et de la physique Dieu ne joue pas aux dĂ©s ». Mais des enfants qui ignorent tout des rĂšgles du jeu peuvent jouer aux dĂ©s. Regardez ! ...Un enfant qui joue aux dĂ©s ! [L’homme se lĂšve, salue en soulevant son chapeau ]Madame ![L’homme s’en va] [Ă  l’image apparaissent un garçon et une fille, 6-7 ans, assis Ă  terre, sur le pavĂ©. Ils jouent aux dĂ©s.] [Ivitch regarde la scĂšne - c’est ce que l’on suppose - des enfants jouant aux dĂ©s derriĂšre une grille - les deux scĂšnes se suivent. Une main d’homme se pose prĂšs de celle d’Ivitch] [Bruit de sirĂšne de bateau] H. [Marcus, voix off] Je suis Ă  vos ordres [leitmotiv] * INTERTITRE 1. LA NATURE Extrait 04 2’45" [Leitmotiv musique] [A l’image, une voiture roulant sur une route enneigĂ©e] H. [On suppose qu’il s’agit de Marcus, voix off] Une fille ou une femmeUne femme ou une fille F. [voix Ă©loignĂ©e] Vous allez le voir [A l’image, la voiture arrive devant un feu rouge signalant des travaux] H. Si j’y suis...J’y suis encore jamais arrivĂ© _Passer au moment oĂč ça change [Phrase en allemand] ...Mao TsĂ© Toung, Che Guevara * [scĂšne d’intĂ©rieur] H. [Marcus, voix off] Vous l’avez connu oĂč ça ? [Ivitch descend un escalier, nue] F. [Ivitch, voix off] A Kinshasa V. S. NAIPAUL À la courbe du fleuve titre original A Bend in the River Se dĂ©roule dans un pays africain sans nom aprĂšs l’indĂ©pendance, La premiĂšre phrase du livre est considĂ©rĂ©e comme emblĂ©matique de la vision du monde de Naipaul Le monde est ce qu’il est ; les hommes qui ne sont rien, qui se permettent Ă  eux-mĂȘmes de ne rien devenir, n’y ont pas leur place "The world is what it is ; men who are nothing, who allow themselves to become nothing, have no place in it."À la courbe du fleuve a Ă©tĂ© candidat au Prix Booker de 1979. Dans la courbe ...du fleuve [image de pieds immobiles d’un homme que l’on peut supposer prĂ©historique... une momie..., mais les pieds finissent par amorcer un mouvement quand l’image change...] [Bruits] H. [voix off] Ca me dit quelque choseUn titre deUn titre de roman[La camĂ©ra a subi une rotation et filme maintenant la scĂšne Ă  l’horizontale, les corps nus d’Ivitch et qui se dĂ©placent dans la piĂšce] F. [voix off] Oui, prix Nobel de littĂ©rature. H. [voix off] Il n’y a jamais de prix Nobel pour la peinture Ni la musique ! F. [voix off] Oui, je sais ! [Bruits] H. [voix off] Eh dans quelle branche il travaillait ? F. [voix off] HĂ©las... [...] H. [Voix en arriĂšre plan] Il ne faudra pas rester lĂ  ! [Josette et GĂ©dĂ©on sont nus dans un lit, un Ă©cran de tĂ©lĂ©vision est allumĂ©. Notez l’effet d’ "Ă©cran-miroir" de la scĂšne ! Un beau plan Ă  la Godard.] F. [Josette] Je vous dis que c’est dangereux. H. [GĂ©dĂ©on] N’ai pas peur JosetteAbsolument pas. F. [Josette] Bien sĂ»r que siAujourd’hui, tout le monde a peur. * ILS APPELLENT LE MONDE LA FORET Extrait 05 2’40" [A l’écran sexe fĂ©minin, pubis poilu, cadrage type L’Origine du Monde » de Gustave Courbet] Les Indiens Apaches de la tribu des ChihuahuasIls appellent le monde la forĂȘt. Jorge Luis BORGES< Dans L’Autre », une nouvelle de Borges publiĂ©e dans le recueil Le livre de sable », Borges fait rencontrer son hĂ©ros avec son double jeune Si cette matinĂ©e et cette rencontre sont des rĂȘves, chacun de nous deux doit penser que le rĂȘveur c’est lui » F. [voix off] Cette matinĂ©e est un rĂȘveChacun doit penser que le rĂȘveur c’est l’autre. H. [voix off] Une femme ne peut pas faire de mal...Elle peut vous gĂȘner, elle peut ...vous tuer mais c’est tout. Jean ANOUILH Antigone Je ne veux pas comprendre. Moi, je suis lĂ  pour autre chose que pour comprendre. Je suis lĂ  pour vous dire non et pour mourir. » A ThĂšbes, les deux fils d’ƒdipe, ÉtĂ©ocle et Polynice, se sont entre-tuĂ©s sous les murs de la ville. Le roi CrĂ©on a ordonnĂ© de n’enterrer qu’ÉtĂ©ocle, laissant sans sĂ©pulture celui qu’il considĂšre comme traĂźtre, Polynice ce qui, selon les Anciens, condamne son Ăąme Ă  errer Ă©ternellement. Quiconque enfreindra la loi sera puni de mort. La sƓur d’ÉtĂ©ocle et de Polynice, Antigone, ose braver l’interdit et dĂ©fier CrĂ©on elle accomplit Ă  deux reprises les rites funĂ©raires. La rĂšgle Ă  laquelle obĂ©it Antigone, est supĂ©rieure au dĂ©cret pris par le roi. C’est une obligation intĂ©rieure, indĂ©pendante des circonstances. Elle affirme la libertĂ© de la conscience. F. [voix off] Vous me dĂ©goĂ»tez tous avec votre bonheur La vie qu’il faut aimer coĂ»te que coĂ»te Moi je suis lĂ  pour autre choseJe suis lĂ  pour vous dire non et pour mourirPour vous dire non et pour mourir. la phrase est rĂ©pĂ©tĂ©e * PEINDRE QU’ON NE VOIT PAS Marcel PROUST, Jean Santeuil Les critiques qui suivirent la projection d’ Adieu au langage », Ă  Cannes ont souvent dĂ©formĂ© la citation en Ă©crivant peindre ce que l’on ne voit pas » alors que la citation exacte est peindre qu’on ne voit pas. » La voix off mentionne immĂ©diatement dans un raccourci godardien Claude Monet » en fin de citation. Et les critiques de tomber dans le piĂšge et d’attribuer la citation Ă  Claude Monet ! Mais elle est de Marcel Proust analysant la toile de Claude Monet Bras de Seine, prĂšs de Giverny. Eh bien sĂ»r, la citation est si prĂ©cise que, JLG le sait. La citation "Quand, le soleil perçant dĂ©jĂ , la riviĂšre dort encore dans les songes du brouillard, nous ne la voyons pas plus qu’elle ne se voit elle-mĂȘme. Ici c’est dĂ©jĂ  la riviĂšre, mais lĂ  la vue est arrĂȘtĂ©e, on ne voit plus rien que le nĂ©ant, une brume qui empĂȘche qu’on ne voie plus loin. A cet endroit de la toile, peindre ni ce qu’on voit parce qu’on ne voit plus rien [5]ni ce qu’on ne voit pas puisqu’on ne doit peindre que ce qu’on voit, mais peindre qu’on ne voit pas." La citation est extraite de Jean Santeuil, ces textes de jeunesse publiĂ©s tardivement aprĂšs la mort de Proust mais qui tĂ©moignent dĂ©jĂ  de l’ acuitĂ© de de l’analyse proustienne. [leitmotiv musique] H. [voix off] Quelques uns d’entre eux ont tirĂ© de la riviĂšre une certaine, certaine [rĂ©pĂ©tĂ© en rĂ©verbĂ©ration] vĂ©ritĂ©Mais aucun d’eux... [phrase interrompue] Quand le soleil perçant dĂ©jĂ La riviĂšre dort encore dans les songes du brouillardNous ne la voyons pas plus qu’elle ne se voit elle-mĂȘmeIci, c’est dĂ©jĂ  la riviĂšreEt lĂ  [arrĂȘt de la musique soulignant les mots qui suivent], la vue est arrĂȘtĂ©eOn ne voit plus rien que le nĂ©antUne brume qui empĂȘche qu’on ne voie plus loinA cet endroit de la toilePeindre ni ce qu’on voitPuisqu’on ne voit rienNi ce qu’on ne voit paspuisqu’on ne doit peindre que ce qu’on voitMais peindre qu’on ne voit pas. Claude Monet DĂšs la naissanceOn nous prend pour un le pousse,On le tire,On le force Ă  entrer dans son personnage. ZOOM... Cliquez l’image. Claude Monet, Bras de Seine, PrĂšs de Giverny, 1897 Huile sur toile, 75 x 92,5 cm, Paris, musĂ©e d’Orsay. H. Vivre ou raconter. F. On dit qu’il n’y a pas le choix. H. Regardez IvitchRegardez dans le miroir Ivitch Influence des thĂšses de Freud sur l’inconscient, et l’ acte manquĂ© », dont Lacan disait Un acte manquĂ© est un discours rĂ©ussi »... F. Il y a les deuxVous voulez dire les 4En fait ne traduit pas ce que l’on fait, MarcusMais ce que l’on ne fait pas. Nous ferons des enfants Je dĂ©teste les personnages. [Leitmotiv musique][Cloches d’église] * SCATOLOGIQUE [L’homme est dans les toilettes de l’appartement, assis sur la cuvette des WC, la porte est ouverte.] Rodin, Le Penseur F. Oui Monsieur [...] F. ...faut que je passe ...DĂ©pĂȘchez-vous [...] H. La sculpture de RodinLe Penseur, vous connaissez [...] F. Je sais pasH. VoilĂ  une image de l’égalitĂ©, [bruits de serrure...] Une fonction, une positionUn instant qui appartient Ă  tout le mondeLe seul, le b a ba de l’égalitĂ©Parce que la pensĂ©e de chacun dans cette situation donnĂ©eLa pensĂ©e retrouve sa place dans le caca * JE VAIS MOURIR, JE NE VEUX PAS VOUS QUITTTER George SAND, Alfred de MUSSET Lettres d’amourĂ©dition prĂ©sentĂ©e par Françoise Sagan Quand Musset rĂ©alise qu’il aime Sand et qu’il ne peut se rĂ©soudre Ă  vivre sans elle, il lui Ă©crit Adieu, adieu, je ne veux pas te quitter, je ne veux pas te reprendre, je ne veux rien, rien, j’ai les genoux par terre, et les reins, brisĂ©s, qu’on ne me parle de rien. Je veux embrasser la terre et pleurer. Je ne t’aime plus mais je t’adore toujours. Je ne veux plus de toi, mais je ne peux pas m’en passer.[...] Adieu, [...],mon seul amour, ma vie, mes entrailles, mon frĂšre, mon sang, allez-vous en, mais tuez-moi en partant. » F. Eh bien oui vous ĂȘtes jeuneVous ĂȘtes dans votre beautĂ©, dans votre forceEssayez donc...Moi, je vais mourir AdieuAdieuJe ne veux pas vous quitterJe ne peux pas vous reprendreJe ne veux rien, rienJ’ai les genoux par terreEt les reins brisĂ©s. [Bruitage] [...]Nous ne nous aimons plus[...]Nous ne nous sommes jamais aimĂ©s[...] Otto RANK Le mythe de la naissance du hĂ©ros JLG reprend ici des thĂšses dĂ©veloppĂ©es par Otto RANK, un temps proche disciple de FREUD avant de s’en Ă©loigner, et dĂ©veloppĂ©es notamment dans ses ouvrages - Le mythe de la naissance du hĂ©ros - Le traumatisme de la naissance son ouvrage le plus connu et qui a marquĂ© les dĂ©buts de la psychanalyse. H. Dans les mythes relatifs Ă  la naissance des dieux[...]L’immersion dans l’eau Et le sauvetage [... ?]Jouent un rĂŽle analogue aux reprĂ©sentations de la naissanceQui se manifestent dans le rĂȘve. EH BIEN, QU’IL MEURE ! Extrait 06 1’00" [Leitmotiv musical, accostage bateau][bruitage] F. J’entends Jeune fille aux cheveux roux Il dit qu’il meurt ! [Bruit d’écoulement d’eau dans la baignoire/bassin extĂ©rieur en ciment, et image d’eau mĂȘlĂ©e de sang] Eh bien, qu’il meure ! * AH DIEUX Extrait 07 2’05" [musique] L’INTELLIGENCE DES CORBEAUX [CoĂŻncidence la rubrique Sciences du JDD du 8 juin contient un article sur l’intelligence des corbeaux. Comment imaginer que ces images de corvidĂ©s soient prĂ©sentes par hasard dans le film de JLG ? Adieu au langage qui fait la part belle Ă  la Nature et au monde animal l’homme n’est pas le seul Ă  partager le monde, pas le seul Ă  partager langage » et intelligence ». Les corvidĂ©s choucas, corbeaux freux, corneilles, grands corbeaux... affichent des performances Ă©tonnantes, parfois similaires Ă  celle des singes... et des humains sens de l’observation, perception du temps, conscience de l’autre... Une rĂ©cente expĂ©rience filmĂ©e par la BBC nous montre un corbeau de Nouvelle CalĂ©donie qui a rĂ©ussi Ă  rĂ©cupĂ©rer de la nourriture en effectuant huit tĂąches successives dans un ordre donnĂ© Attraper des cailloux, les empiler dans une boĂźte pour ouvrir une trappe qui libĂšre un bĂąton assez long pour attirer la nourriture jusqu’à lui... Il commet quelques erreurs, mais c’est impressionnant » nous dit ValĂ©rie Dufour, chercheuse en Ă©thologie et Ă©volution Ă  Strasbourg IPHC/CNRS [...] En proportion, l’aire analogue au cortex prĂ©fontal des primates zone de l’apprentissage et des associations est presque aussi dĂ©veloppĂ©e chez les corvidĂ©s que chez l’homme. ». Adultes, ces monogames s’installent en couple jusqu’à la fin de leurs jours Vivre Ă  deux et entrer en interaction avec d’autres favorise l’adaptation et implique de mĂ©moriser nombre d’élĂ©ments. D’autant qu’ils vivent jusqu’à 15 ans, voire 40 ans pour les grands corbeaux en captivitĂ©. » ajoute la chercheuse. ...Le face-Ă -face des corbeaux ! JLG aurait aimĂ© cet article qui contient diverses autres observations trĂšs Ă©tonnantes. H. [voix off] Il existe, vous le savez, depuis 20 ou 30 ansUne dĂ©claration universelle des droits de l’animal[A l’image, le chien dĂ©ambule dans la nature]Elle comporte dix articlesElle fut mise au point 200 ans aprĂšs 1789. [A l’image, un corbeau » s’envole et croasse, des oisillons corbeaux, becs grandement ouverts, fond de la gorge rouge, rĂ©clament la becquĂ©e, ...puis le chien au bord d’un torrent, la musique s’interrompt brusquement] Paul VALERY Aphorismes* Regards Des regards qui se rencontrent font naĂźtre d’étranges ne pourrait penser librement si ses yeux ne pouvaient quitter d’autres yeux qui les suivraient. DĂšs que les regards se prennent, l’on n’est plus tout Ă  fait deux, et il y a de la difficultĂ© Ă  demeurer seul. » * PubliĂ© dans La Nouvelle Revue Française N° 204, 1er septembre 1930 H. [voix off] Personne ne pourrait penser librement si ses yeux ne pouvaient quitter d’autres yeux qui les suivraientDĂšs que les regards se prennent,on n’est plus tout Ă  fait deuxIl y a de la difficultĂ© de rester seul. * Extrait 08 2’38" [ParenthĂšse musicale. A l’image, un train arrive en gare, freine et siffle. Image de torrent et bruits de l’eau du torrent. Rocky se roule et s’ébroue dans la neige, puis autre saison, c’est l’automne, cimes des arbres aux belles couleurs rousses sursaturĂ©es dans une danse tournante de la camĂ©ra sur fond musical plein d’allĂ©gresse derniĂšre danse de la fin de l’étĂ© ? de l’automne de la vie ? Puis image de Rocky, Ă  l’arrĂȘt, dans la neige, oreilles dressĂ©es...] H Il y a de la difficultĂ© de rester seul [rĂ©pĂšte la voix off][Autre saison, Rocky marche dans l’herbe verte au bord d’un champ labourĂ©]Ce n’est pas l’animal qui est aveugleMais l’homme, aveuglĂ© par la conscienceEst incapable de regarder le mondeCe qui est dehors est-il la vĂ©ritĂ© ? [Rocky semble-t-il au mĂȘme endroit, mais le paysage est maintenant enneigĂ©. Rocky regarde la camĂ©ra] Nous ne le savons que par le regard de l’animalEt Darwin citant BuffonAffirme que le chien est le seul ĂȘtre sur terreQui nous aime plus qu’il ne s’aime lui-mĂȘme * L’OMBRE DE DIEU [ Ombre de femme sur une route enneigĂ©e. La nuit est noire, la route est Ă©clairĂ©e au niveau du sol, phares de voiture, projecteurs, l’ombre noire se dessine longiforme, sur le blanc de la neige] [Ombre d’homme entrant dans le champ] NIETZSCHE ET L’OMBRE DE DIEU Voir la suite IIĂšme partie * F. L’ombre de Dieu !Ne m’appelle pas... [la suite n’est pas distinctement comprĂ©hensible] H. Tout le monde prĂ©fĂšre qu’il n’y ait pas de personne ne le sait [on entend fait » et non pas sait » [...?] F. DĂ©solĂ©e. H. [...?] Non, pas vous Josette. F. ...Rien n’est Ă©puisĂ©,Rien n’était mĂȘme abordĂ© Ă  ce moment de l’ cause mĂȘme...[...][Bruit industriel, Images de fonderie industrielle ? Masse lumineuse, ... en fusion ? Images non stabilisĂ©es de lumiĂšres de phare sur une route ? ][Image de station service, voiture Ă  l’arrĂȘt prĂšs d’un distributeur d’essence. C’est la nuit. Les images ne sont pas nettes. Le dialogue se poursuit entre l’homme et la femme, mais n’est pas distinctement comprĂ©hensible] H. Allez, dĂ©gage sac de puces [Ă  l’adresse du chien Ă  l’arriĂšre de la voiture. L’homme se tient debout devant la portiĂšre arriĂšre ouverte] _ Allez ! [Klaxon] * Extrait 09 2’17" [Images d’intĂ©rieur, le chien se promĂšne dans la maison, son d’émission tĂ©lĂ©] F. Tu habites cette maison depuis longtemps H. Pourquoi tu dis depuis longtemps » ? Tu habites cette maison » ? suffit. F. S’il m’en parle, en mĂȘme temps... [... ?] * LE FACE-A-FACE INVENTE LE LANGAGE LE FACE-A-FACE INVENTE LE LANGAGE La formule de Godard est merveilleusement ramassĂ©e. Mais que sait-on de l’invention du langage ? D’un point de vue palĂ©ontologique, c’est l’Homo habilis, il y a plus de deux millions d’annĂ©es, qui pourrait ĂȘtre le plus ancien prĂ©humain Ă  avoir employĂ© un langage articulĂ©, ce qui ne signifie pas pour autant que cet hominidĂ© ait usĂ© d’un langage comparable au nĂŽtre. On suppose la prĂ©existence d’une proto-langue chantĂ©e par la race de l’homme de NĂ©andertal the singing Neandertal, qui, au niveau de connaissance actuelle, ne possĂ©dait pas de syntaxe. Notons que Godard accrĂ©dite aussi la thĂšse musicale en faisant suivre son aphorisme de Si do rĂ© mi fa sol la si... » La vision rousseauiste de l’origine du langage et son Ă©volution passe aussi par des chants mĂ©lodiques qu’il associe aux passions humaines. Premiers face-Ă -face ! Autre variante de face-Ă -face avancĂ©e pour les Homo erectus, par Michael C. Corballis, de l’universitĂ© d’Auckland la thĂšse d’une origine gestuelle du langage proche de celle employĂ©e par les sourds-muets... ...Pourquoi pas le geste et le chant ? Si do rĂ© mi fa sol la si... » H. Le face Ă  face... [en fond sonore, dialogue en anglais d’un film Ă  la tĂ©lĂ©vision] F. Si... H. le face Ă  face... F. Si... H. le face Ă  face invente le langage. F. Si do rĂ© mi fa sol la si...H. La... [dialogue en anglais du film] H. La...[silence] MIROIR ĐŻIOĐŻIM Comment expliquer cela ? En rĂ©alitĂ©, il est un peu abusif de dire que le miroir Ă©change la gauche et la droite. Certes, lorsque vous levez votre main gauche, votre reflet lĂšve sa main droite »... mais cette main est celle qui est situĂ©e Ă  gauche du miroir, juste en face de votre main gauche. Il s’agit donc bien du reflet de votre main gauche, mais vous aurez tendance Ă  la considĂ©rer comme une main droite » que parce que vous vous imaginez Ă  la place du reflet. encore un mauvais tour de notre Ă©gocentrisme qui s’imagine au centre de l’image, comme au centre du monde. Gauche et droite ont Ă©tĂ© inversĂ©s [dans le miroir] Mais pas le haut et le bas Pourquoi ? [difficile Ă  expliquer, mais effet de nos sens abusĂ©s] [musique] * PAS DE POURQUOI Extrait 10 2’25" [Ce visage de femme Ă  l’écran. Celui de Josette.] F. Voix seule sans fond sonore Lorsqu’il entra dans la chambre Ă  gazUn enfant demanda Ă  sa maman, pourquoi ?Et un SS cria Hier ist kein warum. »Pas de pourquoi ! * H. [voix seule sans fond sonore] Quand je faisais des maths,On nous apprenaitLa courbe de Laurent Schwartz-Dirac, [6] _ Infinie en tous ses points,Sauf en un oĂč elle est nulle. [TĂ©moigne de l’intĂ©rĂȘt de Jean-Luc Godard pour les mathĂ©matiques et les sciences, n’hĂ©sitant pas Ă  tenter de rĂ©sumer ici, un concept trĂšs pointu, extrĂȘmement difficile Ă  rĂ©sumer avec des mots simples.] F. [voix seule] Ou le contraire. H. [voix seule] ...Et de grandes inventions l’infini et le zĂ©ro. F. [voix seule] Les mots, le sexe et la mort. H. [voix seule] Seuls les ĂȘtres libresPeuvent ĂȘtre Ă©trangers les uns des autres,Ils ont une libertĂ© communeMais prĂ©cisĂ©ment, cela les sĂ©pare. [Bruitage, musique, A l’image le chien, la femme est nue] F. Il y a quatre ansVous m’avez donnĂ© l’adresse...Vous avez oubliĂ© ? FAITES EN SORTE QUE JE PUISSE VOUS šPARLER BLANCHOT L’attente l’oubli faites en sorte que je puisse [vous] parler »que la femme reformule plus avant, en persuadez-moi que vous m’entendez » F FaĂźtes en sorte que je puisse vous parler. H. Je dois quoi faire ? [Cris de chien, plaintifs] F. Persuadez-moi que je dois [... ?] H. Je ne dirai presque rien Je cherche la pauvretĂ© dans le langage * Extrait 11 1’51" F. Ou tu vas bordel ? H. Je vais te montrer EVANGILES Dieu rĂ©siste aux orgueilleux mais donne sa grĂące aux humbles » Jacques Godard a Ă©tĂ© Ă©levĂ© dans la confession protestante. F. Il n’a pas pu faire de nous... Il n’a n’as pas pu faire de nous ...des humbles. H. Qui ça ? F. ...Ou pas su ou pas voulu !Alors il a fait de nous des humiliĂ©s ! H. Qui ça ? F. Dieu ! [bruitages stridents et divers] * [hĂ©licoptĂšre Ă  l’image, musique] Victor HUGO Les ChĂątiments Dans ton cirque de bois, de coteaux, de vallons,La pĂąle mort mĂȘlait les sombres bataillons. » Dans le poĂšme de Viktor Hugo, les deux vers citĂ©s par JLG suivent ceux-ci Waterloo ! Waterloo ! Waterloo ! morne plaine ! Comme une onde qui bout dans une urne trop pleine, ». Dans ton cirque,De bois, de cĂŽteaux, de vallons,La pĂąle mort, MĂȘlĂ©e Ă  des sombres bataillons... * Extrait 12 3’12" [patchwork chaotique de sons et d’images dont il Ă©merge des bribes de dialogue audibles ou inaudibles. A l’image une voiture roule sur une route, phares allumĂ©s, la camĂ©ra est Ă  l’intĂ©rieur. Images de la route ou des cadrans ronds du tableau de bord] [bruitages] H. Je suis Ă  vos ordres leitmotiv [stridences] F. OĂč allez vous ? H. LĂ  oĂč il faut ! F. A KinshasaUn journaliste m’a racontĂ© une histoireA propos de Mao Tse ToungIl voulait savoir ce qu’il pensait de la rĂ©volution de 1789...Ah, un grand silence !Il a rĂ©pondu que c’était trop tĂŽt pour le savoirEt vous savez qu’en russe, camĂ©ra » veut dire prison ? [ bruit dialogue inaudible] La Russie ne fera jamais partie de l’Europe F. Si jamais des Russes deviennent des EuropĂ©ens, ça ne sera plus jamais des Russes. [image de voiture, arrivant au niveau d’un feu rouge signalant des travaux] H. ...J’y suis jamais arrivĂ© passer au vert sans ralentir F. Il y’a qu’à employer une formule d’autrefois Abracadabra, Mao TsĂ© Toung, ChĂ© GuĂ©vara ! * [Bruits stridences] F. Pourquoi vous ĂȘtes lĂ  ? H. Parce qu’il n’y a pas d’autres personnes !...En Afrique il y a quelque chose Ă  voir ?[La camĂ©ra filme alors le couple, nu, dans une scĂšne d’intĂ©rieur, dĂ©ambulant dans un salon. Images tronquĂ©es de troncs, de jambes. L’homme masse les cuisses de la femme. L’homme se rhabille. Visage de la femme, assise. Elle retire des roses du vase sur la table et les sens]_ F. Le silence... il y a mille sons,il y a la guerre,il y a les animaux,le silence arrive...Et puis, ...un autre paysouvre la porte,Il te parle. H. [... ?]Il agit contre la libertĂ© pure. Je parle » sujet. F. ...Faut pas que je reste lĂ  ! H. J’écoute » objet. [silence, image de la femme assise, nue, elle fume une cigarette, prend une rose du vase devant elle et la sent...] H. voix seule Vous avez renoncĂ© Ă  tout...renoncĂ© [...ez, er ?] Ă  la libertĂ© elle-mĂȘme, et tout...[L’homme rit bruyamment] F. Il va falloir qu’on engage un interprĂšte... * Voir aussi Bande son commentĂ©e IIet L’article de * [1] ZoĂ© Bruneau, En attendant Godard, Editions Maurice Nadeau, 2014[4] CrĂ©dit d’aprĂšs Wikipediia bonheur[5] devenu puisque qu’on ne voit rien » dans le film[6] Laurent Schwartz-Dirac 1915-2002, Paris est l’un des grands mathĂ©maticiens français du XXe siĂšcle, le premier Ă  obtenir la mĂ©daille Fields l’équivalent du prix Nobel en mathĂ©matiques, en 1950. Un message, un commentaire ? Ce forum est modĂ©rĂ©. Votre contribution apparaĂźtra aprĂšs validation par un administrateur du site. Ajouter un document JOINDRE UN DOCUMENT facultatif image, audio, vidĂ©o ou texte flv, gif, jpg, mp3, mp4, ogg, pdf, png, webm Accueil Villes Soeurs et Bresle Le festival de musiques actuelles commence aujourd’hui, jeudi 14 juillet. Mais il comprend aussi une partie off, avec des concerts gratuits et des animations dans toute la ville. Article rĂ©servĂ© aux abonnĂ©s Pourquoi lire Victor Hugo aujourd’hui? Pourquoi s’intĂ©resser Ă  cet Ă©crivain mort il y a prĂšs de 140 ans? Parce que comme tous les grands classiques, il est immortel! Et parce que l’importance de Victor Hugo va au-delĂ  de la littĂ©rature, comme tu vas le voir maintenant, en images et en mots! ï»żï»żï»żï»żï»żï»ż SOMMAIRE Un Ă©crivain exceptionnel Un romancier gĂ©nial Un vrai poĂšte Un grand dramaturge Un intellectuel engagĂ© Un monument national Un homme de notre temps Un virtuose de la langue française Une source d’inspiration Un Ă©crivain accessible Ă  tous 1. Victor Hugo, un Ă©crivain exceptionnel Victor Hugo est un monstre de la littĂ©rature française il a Ă©crit une cinquantaine de livres, dans des genres aussi variĂ©s que le roman, la poĂ©sie, le théùtre. Cela le rend absolument unique dans l’histoire littĂ©raire française. Balzac Ă©tait un grand romancier, Baudelaire un grand poĂšte, MoliĂšre un grand auteur de théùtre. Victor Hugo Ă©tait les trois Ă  la fois! D’ailleurs, de son vivant, Victor Hugo Ă©tait dĂ©jĂ  considĂ©rĂ© comme un Ă©crivain extraordinaire, admirĂ© aussi bien des lecteurs que des autres auteurs comme Gustave Flaubert, qui le surnommait dans ses lettres “le grand crocodile”. 2. Un romancier gĂ©nial Avec Les MisĂ©rables et Notre-Dame de Paris, Victor Hugo a signĂ© deux chefs-d’Ɠuvre du genre romanesque. Les MisĂ©rables occupe une place particuliĂšre dans le TOP 20 des meilleurs livres français que je recommande aux Ă©tudiants qui apprennent la langue française. Ce roman historique, philosophique, social dĂ©crit la vie des pauvres gens dans la France et le Paris du XIXe siĂšcle. Victor Hugo y livre ses rĂ©flexions sur l’amour, le mal, la justice, Ă  travers les aventures de personnages inoubliables comme Jean Valjean, Cosette ou Gavroche. Notre-Dame de Paris est l’autre grand roman de Victor Hugo. L’incendie qui a frappĂ© la cathĂ©drale le 15 avril 2019 a Ă©tĂ© malheureusement l’occasion de redĂ©couvrir des extraits du livre Tous les yeux s’étaient levĂ©s vers le haut de l’église. Ce qu’ils voyaient Ă©tait extraordinaire. Sur le sommet de la galerie la plus Ă©levĂ©e, plus haut que la rosace centrale, il y avait une grande flamme qui montait entre les deux clochers avec des tourbillons d’étincelles, une grande flamme dĂ©sordonnĂ©e et furieuse dont le vent emportait par moments un lambeau dans la fumĂ©e. 3. Un vrai poĂšte De ses premiers vers, publiĂ©s Ă  l’ñge de 20 ans, Ă  la LĂ©gende des SiĂšcles, son dernier recueil, Victor Hugo aura Ă©tĂ© toute sa vie un vĂ©ritable poĂšte. Au cours de son existence, Victor Hugo a Ă©crit 153 837 vers! Le chiffre est Ă©norme et montre bien qu’il Ă©crivait des poĂšmes comme d’autres mettent leurs chaussures, naturellement! Ces poĂ©sies tĂ©moignent de la puissance de son imagination. Elles Ă©voquent avec lyrisme des thĂšmes universels, qui touchent l’ñme humaine l’amour, la passion, la souffrance, la mort. Le poĂšme Demain, dĂšs l’aube
, qu’il a Ă©crit en souvenir de sa fille, morte Ă  l’ñge de 19 ans, est sans conteste l’un des plus beaux poĂšmes de la poĂ©sie française. Triste, mais beau. 4. Un grand dramaturge On l’a parfois un peu oubliĂ©, mais Victor Hugo a aussi Ă©tĂ© un grand homme de théùtre. Chef de file du romantisme en France, Victor Hugo a marquĂ© l’histoire du théùtre français avec ses piĂšces Hernani, LucrĂšce Borgia, Ruy Blas. Trouvant l’inspiration de ses drames dans l’Histoire, se rĂ©clamant de Shakespeare auquel il a consacrĂ© un essai, il a tentĂ© de rompre avec la tradition classique. Pour lui, le théùtre doit ĂȘtre dĂ©mocratique le dramaturge a pour mission de s’adresser Ă  tous, d’instruire les spectateurs et de participer aux dĂ©bats d’idĂ©es. Tout un programme! 5. Un intellectuel engagĂ© Victor Hugo Ă©tait un idĂ©aliste, critique envers le pouvoir et engagĂ© dans les dĂ©bats de son temps. En 1851, Louis-NapolĂ©on Bonaparte, le neveu de NapolĂ©on, fait un coup d’État. Victor Hugo, grand adversaire de celui qui devient alors NapolĂ©on III, est obligĂ© de quitter la France. Pendant son exil, il Ă©crit un pamphlet contre le nouvel empereur NapolĂ©on le Petit. Cet Ă©pisode montre l’activitĂ© politique de Victor Hugo, qui s’est battu toute sa vie pour dĂ©fendre ses idĂ©aux de justice et de progrĂšs engagement contre la peine de mort, combat contre la pauvretĂ© et pour l’éducation, lutte pour les droits des femmes
 Pour promouvoir ses idĂ©es, Victor Hugo avait l’art de la formule, comme tu peux le voir dans les phrases suivantes. Contre le gouvernement de l’époque Ce gouvernement, je le caractĂ©rise d’un mot la police partout, la justice nulle part. Contre la peine de mort Le sang se lave avec des larmes et non avec du sang. Sur l’importance de l’éducation Chaque enfant qu’on enseigne est un homme qu’on gagne. 6. Un monument national Victor Hugo est un personnage clĂ© de la France. En 2015, une enquĂȘte du Magazine littĂ©raire a montrĂ© que pour la majoritĂ© des Français, Victor Hugo incarne le mieux la France, “sa culture, sa langue et son gĂ©nie”. À l’étranger aussi, Victor Hugo est l’une des personnalitĂ©s françaises les plus cĂ©lĂšbres. À sa mort, en 1885, la France organise pour cette icĂŽne de la RĂ©publique des funĂ©railles nationales, suivies par prĂšs de 3 millions de personnes. Depuis, Victor Hugo repose au PanthĂ©on, aux cĂŽtĂ©s des grands hommes et des grandes femmes qui ont marquĂ© l’histoire de France. Une place largement mĂ©ritĂ©e. 7. Victor Hugo un homme de notre temps Si Victor Hugo est mort il y a prĂšs de 140 ans, il est toujours d’actualitĂ©. Victor Hugo a vĂ©cu au XIXe siĂšcle, mais ses idĂ©es, ses engagements sont trĂšs modernes. Grand dĂ©fenseur de la paix, il souhaite la constitution des États-Unis d’Europe pour mettre fin aux guerres qui dĂ©chirent le Vieux Continent. Un jour viendra oĂč la guerre paraĂźtra aussi absurde et sera aussi impossible entre Paris et Londres, entre PĂ©tersbourg et Berlin, entre Vienne et Turin, qu’elle serait impossible et qu’elle paraĂźtrait absurde aujourd’hui entre Rouen et Amiens, entre Boston et Philadelphie. Humaniste, Victor Hugo rĂȘve de fraternitĂ© entre les peuples et prend position contre le racisme et l’esclavage Il n’y a sur la Terre ni Blancs ni Noirs, il y a des esprits. 8. Un virtuose de la langue française Romancier, poĂšte, dramaturge, Victor Hugo maniait la langue française avec brio. Aujourd’hui encore, les textes de Victor Hugo sont Ă©tudiĂ©s dans les classes de français, partout dans le monde. Ce n’est Ă©videmment pas un hasard Victor Hugo a participĂ© au rayonnement et au prestige de la langue française. Tu peux prendre n’importe lequel de ses textes, et tu verras la grandeur de son style richesse du vocabulaire, prĂ©cision de la syntaxe, beautĂ© des figures de style. J’avais d’ailleurs utilisĂ© un extrait des MisĂ©rables pour prĂ©senter le passĂ© simple en français. Victor Hugo avait une conception trĂšs intĂ©ressante de la langue. Pour lui, les langues ne sont pas fixes, elles Ă©voluent constamment, comme l’esprit humain. Il rĂ©sumait son influence sur la langue française de la façon suivante J’ai mis un bonnet rouge au vieux dictionnaire. 9. Une source d’inspiration Les Ɠuvres de Victor Hugo ont fait l’objet de nombreuses adaptations au cinĂ©ma, Ă  la tĂ©lĂ©vision, au théùtre, en chanson
 Victor Hugo a toujours inspirĂ© les artistes et les producteurs. Donc mĂȘme si tu n’aimes pas lire, tu peux dĂ©couvrir l’écrivain en regardant un film ou en allant dans une salle de spectacles. Son roman Les MisĂ©rables a Ă©tĂ© adaptĂ© plus de 50 fois Ă  la tĂ©lĂ©vision et au cinĂ©ma. Parmi les adaptations les plus cĂ©lĂšbres, citons le dessin animĂ© de Walt Disney, Le Bossu de Notre-Dame, et la comĂ©die musicale Les MisĂ©rables, reprĂ©sentĂ©e dans une quarantaine de pays dans les annĂ©es 80. 10. Un Ă©crivain accessible Ă  tous Victor Hugo est un des Ă©crivains français les plus accessibles. Bien sĂ»r, lire Victor Hugo en français n’est pas toujours simple Les MisĂ©rables, par exemple, est un livre de 1500 pages, avec de nombreuses digressions philosophiques. Un dĂ©fi qui peut ĂȘtre difficile, mĂȘme pour les Français! Mais tu peux trĂšs bien lire les gros romans de Victor Hugo dans ta langue maternelle, puis chercher les meilleurs extraits dans leur langue originale, le français. Si tu aimes particuliĂšrement la littĂ©rature, cela peut ĂȘtre un trĂšs bon exercice pour progresser! N’oublie pas non plus que Victor Hugo a aussi Ă©crit des choses plus courtes. Tu peux te tourner vers ses poĂšmes, par exemple. Ou, encore plus simplement, lire les citations que les gens partagent sur les rĂ©seaux sociaux. Tu en trouveras notamment sur nos pages Facebook et Instagram. Et si cet article t’a plu et que tu veux dĂ©couvrir d’autres personnalitĂ©s françaises importantes, je te recommande cette vidĂ©o. À bientĂŽt! Victor Hugo en moins de 7 minutes PDF – Exercice – Transcription Podcast Play in new window DownloadSubscribe Apple Podcasts RSS ï»żAccueil ‱Ajouter une dĂ©finition ‱Dictionnaire ‱CODYCROSS ‱Contact ‱Anagramme des voix comme ça, hugo en a eu beaucoup — Solutions pour Mots flĂ©chĂ©s et mots croisĂ©s Recherche - Solution Recherche - DĂ©finition © 2018-2019 Politique des cookies. À 500 mĂštres, il a sorti la croix qu’il porte au cou depuis la mort de son frĂšre. À 100 mĂštres, il s’est permis de lever les bras une premiĂšre fois. Puis il s’est retournĂ© pour apercevoir la voiture rouge du commissaire. Tout cela Ă©tait vrai Hugo Houle s’apprĂȘtait Ă  gagner une Ă©tape du Tour de France. Index droit pointĂ© vers le ciel, le visage dĂ©composĂ©, il a franchi la ligne Ă  Foix. Trois heures plus tard, le premier vainqueur quĂ©bĂ©cois de l’histoire du Tour Ă©tait encore en Ă©tat de choc. PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, REUTERS Hugo Houle Ă  son arrivĂ©e Ă  la fin de l’étape Quand je fermais les yeux le soir, avant de me coucher, j’avais un rĂȘve de fou », a-t-il racontĂ© au tĂ©lĂ©phone, la voix un peu Ă©raillĂ©e, mardi soir, heure locale. C’est exactement comme ça que je rĂȘvais de gagner, de la plus belle façon, arriver en solo. J’ai de la difficultĂ© Ă  rĂ©aliser ce que j’ai fait, mais je suis trĂšs, trĂšs heureux. » Une minute et demie aprĂšs sa victoire, sa toute premiĂšre chez les professionnels, Houle est tombĂ© dans les bras de Michael Woods, son compatriote, ami et coĂ©quipier, qui venait de finir troisiĂšme de cette 16e Ă©tape historique pour le cyclisme canadien, entre Carcassonne et Foix. Celle-lĂ  est pour mon frĂšre », a rĂ©itĂ©rĂ© Houle au milieu des embrassades. Dans cette premiĂšre Ă©tape pyrĂ©nĂ©enne, le duo d’Israel-Premier Tech a pris la fuite en compagnie de 27 autres coureurs Ă  147 km de l’arrivĂ©e. À l’évidence, tout se jouerait dans les deux grands cols de premiĂšre catĂ©gorie situĂ©s en fin d’épreuve, le Port de Lers 11,4 km Ă  7 % et le redoutable Mur de PĂ©guĂšre 9,3 km Ă  7,9 %. PHOTO GONZALO FUENTES, AGENCE FRANCE-PRESSE Michael Woods et Hugo Houle LĂ©gĂšrement distancĂ© au sommet du Port de Lers, Houle a refermĂ© seul l’écart de 26 secondes le sĂ©parant du groupe rĂ©duit de huit meneurs, dont Woods et les excellents grimpeurs Damiano Caruso Bahrain, Michael Storer Groupama-FDJ et Matteo Jorgenson Movistar. À 40 km de l’arrivĂ©e, toujours dans la descente, Woods a laissĂ© Houle prendre une petite avance, lui criant Ă  l’oreillette de poursuivre sa route. C’était vraiment instinctif, a relatĂ© le cycliste d’Ottawa. Les autres coureurs ont commencĂ© Ă  se regarder. Rapidement, Hugo a pris 10, 15 secondes. C’était idĂ©al non seulement pour lui, mais pour moi aussi parce que je pouvais rester derriĂšre et m’économiser les jambes pour le final. » Ça faisait tellement mal
 » Dans le Mur de PĂ©guĂšre, Houle a consolidĂ© l’écart, annihilant les tentatives de poursuite de Tony Gallopin Trek, Jorgenson et Valentin Madouas, qui roulait pour son coĂ©quipier Storer. Woods Ă©tait bien calĂ© dans leur roue, attendant son moment. L’avance du natif de Sainte-PerpĂ©tue a culminĂ© Ă  49 secondes. LĂ , il fallait vraiment que je donne tout. Je savais que tout le monde Ă©tait en souffrance par cette chaleur. Sur des pentes aussi raides, c’est dur d’aller vraiment plus vite. Je regardais chaque kilomĂštre dĂ©filer sur mon compteur. Ça faisait tellement mal Ă  ce moment-lĂ  que c’était plutĂŽt sauve ta peau
 » Son plus grand souci l’alimentation et l’hydratation. CoincĂ©e derriĂšre les poursuivants, la voiture d’équipe ne pouvait le ravitailler. Un soigneur postĂ© dans la montĂ©e l’a sauvĂ© » avec deux gels et deux bidons. Plus loin, la moto de dĂ©pannage neutre lui a permis de refaire le plein. C’était la clĂ©. Si je ne mangeais pas, c’était fini. J’ai rĂ©ussi Ă  reprendre deux gels. J’ai tenu le coup, mais c’était limite un peu au niveau nutritionnel. Hugo Houle Au sommet, Houle avait un coussin de 34 secondes avec 27,2 km Ă  faire, tout en descente. Je me suis dit c’est bon, ça peut le faire. Il restait encore beaucoup de route. C’était une descente oĂč il fallait pĂ©daler avec des bouts un peu plus techniques vers le bas. Je souffrais Ă©normĂ©ment. » Le jeune AmĂ©ricain Jorgenson a testĂ© les limites de l’adhĂ©rence dans la descente, chutant dans un virage Ă  13 km du fil. Je n’étais pas vraiment surpris parce qu’il prenait beaucoup de risques, a tĂ©moignĂ© Woods, qui le suivait. Je lui avais laissĂ© cinq mĂštres parce que je savais qu’il y a beaucoup d’huile sur les routes ici. Je suis tombĂ© dans les PyrĂ©nĂ©es l’an passĂ©. C’était la bonne dĂ©cision. » À partir de lĂ , la victoire de Houle ne faisait pratiquement plus de doute, Woods levant mĂȘme le pouce devant la moto-camĂ©ra aprĂšs le retour de Jorgenson. Le Canadien a Ă©tĂ© surpris sur la ligne par Madouas, qu’il n’avait pas vu revenir. Avec 2 km Ă  complĂ©ter, Houle a commencĂ© Ă  se dĂ©tendre un peu quand l’ardoisier lui a signalĂ© que son avance avait grimpĂ© Ă  une minute. À l’invitation de Steve Bauer, directeur sportif d’Israel-Premier Tech qui Ă©tait dans la voiture derriĂšre, il s’est permis de savourer son succĂšs dans le dernier kilomĂštre. Bauer Ă©tait jusque-lĂ  le seul vainqueur d’étape canadien au Tour, en 1988, annĂ©e oĂč il a portĂ© le maillot jaune Ă  deux reprises. J’ai surtout pensĂ© Ă  mon frĂšre, a dit Houle. C’est pour lui que je voulais aller la claquer, cette victoire. J’ai pensĂ© Ă  tous les sacrifices depuis 10 ans. J’avais rĂ©ussi. Je n’y croyais pas trop. C’est fou ! » Houle a dĂ©couvert le Tour en le suivant Ă  la tĂ©lĂ©vision avec son frĂšre cadet Pierrik Ă  la rĂ©sidence familiale de Sainte-PerpĂ©tue, dans la rĂ©gion de Nicolet-Yamaska. Je ne m’étais jamais imaginĂ© ĂȘtre lĂ  un jour. » PHOTO CHRISTIAN HARTMANN, REUTERS Hugo Houle Le 21 dĂ©cembre 2012, Hugo revenait de son premier camp professionnel en Europe avec la formation AG2R La Mondiale quand Pierrik s’est fait faucher Ă  mort par un conducteur ivre pendant qu’il faisait son jogging en soirĂ©e. Il avait 19 ans. À partir de ce jour, Hugo s’est promis de gagner une Ă©tape en l’honneur de son frĂšre, pour qui il porte une croix que lui a offerte l’entrepreneur Louis Garneau. C’est ce qui m’a aidĂ© Ă  rester motivĂ© jour aprĂšs jour Ă  m’entraĂźner et Ă  passer Ă  travers cette Ă©preuve-lĂ , a soulignĂ© Houle. Depuis, j’ai toujours portĂ© ma croix et eu une pensĂ©e pour lui avant chacun de mes dĂ©parts pour qu’il me protĂšge. On prend pas mal de risques. Je ne suis pas croyant Ă  outrance, mais je m’amuse Ă  croire qu’il est avec moi, qu’il me soutient, qu’il me protĂšge. Ça me met un peu en sĂ©curitĂ© et en confiance depuis son dĂ©part. » 1000 messages TroisiĂšme Ă  Saint-Étienne vendredi, Houle s’était promis de tenter sa chance de nouveau. À 31 ans et aprĂšs 10 saisons Ă  surtout servir de domestique et de lieutenant, il ne l’a pas ratĂ©e quand elle s’est reprĂ©sentĂ©e. Quand j’ai commencĂ© chez AG2R, j’étais complĂštement seul dans le peloton WorldTour pendant plusieurs annĂ©es, a-t-il rappelĂ©. J’étais un simple Ă©quipier qui Ă©tait au plus bas de l’échelle. Aujourd’hui, j’ai rĂ©ussi Ă  gagner une Ă©tape. Aujourd’hui, c’est 10 ans d’énormes sacrifices, de travail. Ce qui a fait ma carriĂšre, c’est ma discipline et ma persĂ©vĂ©rance. Aujourd’hui, ç’a Ă©tĂ© ma journĂ©e oĂč j’ai pu briller. Je suis vraiment content d’avoir rĂ©ussi. » Avec plus de 1000 messages et notifications sur son tĂ©lĂ©phone qui surchauffait, le hĂ©ros du jour s’est excusĂ© de ne pas pouvoir rĂ©pondre Ă  tout le monde ». C’est une grosse vague d’amour. C’est beau de voir ça. Si je fais vivre des Ă©motions et que j’inspire la prochaine gĂ©nĂ©ration, c’est mission accomplie. » Et mĂȘme un peu plus. Classement de la 16e Ă©tape Hugo Houle CAN/ISR les 178,5 km en 4 h 2347 Valentin Madouas FRA/GFJ Ă  110 Michael Woods CAN/ISR 110 Matteo Jorgenson 112 Michael Storer AUS/GFJ 125 Aleksander Vlasov RUS/BOR 140 Dylan Teuns BEL/BAH 140 Simon Geschke ALL/COF 211 Mathieu Burgaudeau FRA/TOT 504 Damiano Caruso ITA/BAH 504 Mikkel HonorĂ© DEN/QST 545 Neilson Powless 545 Wout van Aert BEL/JUM 554 Brandon McNulty 554 Jonas Vingegaard DEN/JUM 554 Tadej Pogačar SLO/UAE 554 Geraint Thomas GBR/INE 554 David Gaudu FRA/GFJ 554 Nairo Quintana COL/ARK 554 Daniel MartĂ­nez COL/INE 557

des voix comme ca hugo en a eu beaucoup